Affolement dans la salle. Une locomotive fonce à toute allure.
Elle se rapproche : on dirait qu?elle va percer l?écran. Des spectateurs, épouvantés, tentent de fuir... Voilà. Le cinéma vient de naître, en ce 28 décembre 1895, au Grand Café, sur les grands boulevards, à Paris. Mais nul ne se doute encore que ces images tremblotantes, aujourd?hui si émouvantes, viennent de donner naissance à un art, le septième du nom.
Eblouis par ce qu?ils découvrent, les pionniers font leur la devise de Danton : « De l?audace, encore de l?audace, toujours de l?audace ! » Ils foncent. Ils essaient. Ils trouvent. Georges Méliès devient le premier poète de l?art nouveau. Dans ses studios, il reconstitue des actualités : le sacre d?Edouard VII, par exemple. Et, à l?aide de trucages merveilleux, il tourne de courtes féeries, dont le célèbre Voyage dans la lune (1902). Le public s?y rue.
Nouvelle surprise, au début des années 30 : le cinéma était doué de parole et il ne le savait pas ! Comme il en use très librement, certains lui reprochent aussitôt d?en abuser. Comme si l?on pouvait parler trop lorsque Sacha Guitry, Marcel Pagnol ou Jacques Prévert dialoguent pour vous ! « Atmosphère, atmosphère, est-ce que j?ai une gueule d?atmosphère ? », s?indigne Arletty dans Hôtel du Nord. « Je vous assure, cher cousin, que vous avez dit "bizarre, bizarre" », chevrote Michel Simon à Louis Jouvet, dans Drôle de drame. « Moi, j?ai dit "bizarre" ? Comme c?est bizarre », répond l?autre.
Les acteurs sont les rois de la fête : Raimu, Fernandel, Viviane Romance. Depuis qu?il lui a murmuré, dans Quai des brumes, « T?as d?beaux yeux, tu sais ! », Jean Gabin et Michèle Morgan forment le couple cinématographique français par excellence. Bientôt, on ne jure plus que par Danielle Darrieux. Toutes les femmes s?habillent, se coiffent et chantonnent comme elle pendant ces années noires de l?Occupation où le coeur des Français bat caché, comme celui des amants statufiés des Visiteurs du soir...
Avec le triomphe des Enfants du paradis de Marcel Carné, considéré comme l?un des meilleurs films de l?histoire du cinéma et la prolifération des ciné-clubs, la notion « d?auteur » s'impose à la Libération. Les stars s?effacent au profit des cinéastes et de leur univers : Jacques Tati et Jour de fête, Robert Bresson et les Dames du bois de Boulogne, Jean Cocteau et la Belle et la Bête.
Au début des années 50, tandis que Fernandel fait un malheur en curé dans Don Camillo et que Gérard Philipe entraîne tous les coeurs dans Fanfan la tulipe, Truffaut vitupère contre son cinéma chéri qui lui semble tombé entre les mains de techniciens froids et sans âme. Tout de même, Truffaut défend passionnément Renoir, Bresson, Becker ou Max Ophuls. Il défend aussi une « starlette » que tout le monde attaque : Brigitte Bardot.
Questions :
-Que s'est-il passé dans les années trentes pour le cinéma ?
-Quel est votre film suédois préféré ? Pourquoi ?
-Connaissez-vous des réalisateurs français ? Lesquels ?
-Est-ce qu'il existe des cinémas indépendants en Suède ?