Pourtant
aujourd'hui, spontanément, lorsque l'on évoque la langue française, on
parle de la langue de Molière. Et s'il ne fallait citer qu'un seul
auteur pour incarner la comédie à la française, nul doute que ce serait
lui.
Molière
n'a vécu que pour le théâtre. Il a incarné le théâtre, y jouant tous
les rôles : comédien, metteur en scène, directeur de troupe et auteur.
Et même s'il connut des difficultés comme directeur de troupe ou comme
auteur, il bénéficia d'une immense notoriété. Ce succès, il le dut à ses
talents d'acteur comique, à sa qualité d'animateur de troupe mais
aussi, bien sûr, à son génie d'auteur.
En
tant qu'auteur, Molière parvient à hisser la comédie, alors considérée
comme un art mineur, au rang de la tragédie. Il réussit à réaliser la
synthèse de plusieurs genres tels que la farce, la comédie italienne ou
la comédie d?intrigues. Observateur attentif des m?urs de son temps, il
sait en dégager une image tantôt ironique tantôt attendrie.
Et
Molière n'hésite pas à s'engager, ce qui lui vaut des tas de
détracteurs. Tour à tour il s'attaque aux précieuses ridicules ou aux
bourgeois vaniteux, aux faux dévots et aux vrais avares, aux médecins
ignorants et aux femmes savantes.
Comme
Shakespeare ou Goethe, Molière incarne la langue et la culture de son
pays, ce qui fait dire à Jean d'Ormesson : "Au même titre que Hugo, que
la baguette de pain, que le coup de vin rouge, que la 2CV Citroën et que
le béret basque, Molière est un des mythes fondateurs de notre identité
nationale".