Égalité
Administration : les femmes prennent le pouvoir
Soutenues par un discours politique fort et par l’instauration de quotas, les femmes s’imposent dans la haute fonction publique. L'appui de réseaux n'est pas étranger à ce mouvement comme le montre ce premier volet de l'enquête d'Acteurs publics sur la place des femmes.
“Femmes de l’Intérieur démarre très fort !” Une vingtaine de demandes d’adhésions s’étalent sur le bureau de Corinne Desforges, place Beauvau. La haute fonctionnaire adjointe en charge de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes au sein du ministère de l’Intérieur semble bluffée par le départ foudroyant de cette jeune association née il y a quelques mois pour accompagner les “femmes en responsabilités”. L’objectif : encourager l’administration à recruter des femmes sur les postes d’encadrement supérieur et multiplier rencontres et échanges.
“Le réseau est un mode de progression assez répandu pour les hommes, observe Marie-France Monéger, présidente de Femmes de l’Intérieur et cheffe de l’inspection générale de la Police nationale. C’est un système que les femmes n’avaient pas encore intégré.” Jusqu’à maintenant. Car les choses changent : quelque 400 réseaux professionnels féminins ont été recensés en France en 2013, deux fois plus qu’en 2007. Portées par un discours politique fort et par une législation qui prévoit 40 % de nominations de femmes sur les postes de haut encadrement de l’État d’ici 2017, elles s’organisent et s’entraident pour accéder aux plus hautes fonctions. Dans le privé et désormais dans le public.
Le réseau, c’est l’avenir !” Une arme précieuse pour venir à bout du plafond de verre, alors que les femmes représentent 60 % des agents de la fonction publique mais seulement 26 % des cadres dirigeants et supérieurs la fonction publique de l’État et 10 % des plus hauts fonctionnaires.
Décomplexer
Premier objectif : leur donner envie de postuler. “Les femmes passent moins de temps que les hommes à se mettre en avant”, sourit Julia Mouzon. Cette polytechnicienne diplômée de l’École d’économie de Paris a quitté Bercy en 2012, où elle travaillait à la direction du Trésor, pour fonder Femmes et pouvoir.
“Les femmes sont peut-être moins à l’aise à l’oral”, remarque Christine Demesse, présidente de l’Association des anciens élèves de l’ENA. Un manque de confiance que les hommes parviendraient davantage à masquer. “Nous avons mis en place des binômes pour permettre à une haute fonctionnaire, par exemple une patronne d’administration ou une directrice d’hôpital, d’échanger avec une étudiante, explique Claire-Marie Foulquier-Gazagnes. C’est un coup de pouce, la promotion d’un vrai esprit d’entraide.” L’occasion de diffuser les codes et les bonnes pratiques, de s’informer sur les postes disponibles, de partager ses expériences professionnelles. “Pourquoi s’en priver ?” s’interroge Christine Demesse.
“Le but n’est pas de s’opposer aux hommes, mais d’aider nos jeunes collègues à être décomplexées”, affirme Isabelle Guilloteau, responsable du pôle RH au cabinet du directeur général de la police nationale et investie au sein de Femmes de l’Intérieur.
acteurspublics.com
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