Les six rescapés d'un avion de tourisme accidenté au large de la Corse ont exprimé mardi à Ajaccio leur immense soulagement, au lendemain d'un sauvetage rendu "miraculeux" par l'expérience et le sang-froid du pilote et des sauveteurs.
"On a douté, c'est un miracle. On a eu une chance extraordinaire de s'en sortir, on a eu une chance terrible", raconte calmement le pilote, Clément Zylberberg, sur son lit d'hôpital.
Ce pilote d'Air France de 36 ans et ses cinq compagnons ont été recueillis lundi soir par des hélicoptères militaires et de la Sécurité civile, après un séjour de six à sept heures, dont plusieurs de nuit, dans une mer démontée.
Les deux femmes et les quatre hommes avaient quitté Cannes le matin à bord d'un Cessna 210 "Centurion" six places pour aller déjeuner et se baigner à Propriano (Corse-du-Sud). Mais sur le chemin du retour, dans l'après-midi, à près de 2000 mètres d'altitude "d'un seul coup le moteur s'est arrêté" au-dessus du golfe de Porto, sur la côte ouest de l'île, a raconté M. Zylberberg.
Il a ajouté avoir combattu la peur et évité la panique en s'accrochant "rigoureusement aux procédures d'amerrissage".
C'était le début d'une odyssée qui devait s'achever tard dans la nuit au terme de souffrances et d'efforts hors du commun et de l'efficacité opiniâtre des sauveteurs.
M. Zylberberg a salué "le professionnalisme et surtout le courage" des dizaines de membres d'équipage et plongeurs de la Sécurité civile, de l'Armée de l'air, de la Marine et de la Gendarmerie.
Mardi matin, les six rescapés, dont l'une a eu un bras fracturé et certains des blessures superficielles au visage, avaient recouvré l'essentiel de leurs forces après avoir souffert d'épuisement et d'hypothermie dans une eau à 20 degrés.
Ils ont été entendus par des enquêteurs de la gendarmerie et quatre d'entre eux devaient quitter l'hôpital en fin de journée, les deux plus âgés, Ginette et Serge Amoros, 66 et 68 ans, restant en observation.
Allongés ou assis dans leur lit, tous ont loué le savoir-faire de leur ami Zylberberg et de sa compagne Isabelle Coxon.
La jeune hôtesse d'Air France, appliquant elle aussi les procédures d'urgence, a aidé le pilote à déverrouiller les portes de l'avion avant qu'il ne touche l'eau. Elle a aussi calmement distribué les gilets de sauvetage et indiqué la position à adopter avant le choc.
"Une fois à l'eau, on a d'abord ri. On pensait que les secours arriveraient vite. On les voyait passer, mais eux ne nous voyaient pas. J'ai fini par penser qu'ils ne viendraient plus", raconte M. Amoros, le père de Mme Coxon.
Souriante et détendue, l'hôtesse remercie son compagnon "héros" de lui avoir "sauvé deux fois la vie": "D'abord en réussissant l'amerrissage. Ensuite, pour tenir dans l'eau" en l'encourageant.
La chute en mer n'a en effet été, dit-elle, que "le début d'une longue attente".
Un pilote d'hélicoptère de la Sécurité civile, Franck Diebold, qui a récupéré les deux premiers rescapés, a souligné combien les conditions météo avaient rendu la mission délicate.
"Il fallait éviter le sentiment d'abandon chez les autres naufragés que l'on approchait sans pouvoir atteindre, en tournant au-dessus d'eux avec nos lumières", a-t-il raconté à l'AFP.
"Les secours passaient au-dessus de nous. Mais dans cette mer démontée, nous n'étions rien pour eux", dit Mme Coxon. "Ce qui nous a sauvés, c'est que les gilets étaient équipés de petites lumières alors que nous étions ballottés par les vagues. Les militaires et les gendarmes qui ont des lunettes infra rouges, ont pu nous repérer (dans la nuit) grâce aux taches de chaleur".
"Ce serait arrivé le matin, on ne serait peut-être pas là", relève-t-elle, souriante.
Encore plus détendu, le plus jeune des rescapés, Jérémy, 22 ans, n'a, lui, aucun doute: "Bien sûr que je reprendrai l'avion!" ladepeche.fr