mercredi 2 mars 2011
L'affaire Guérini empoisonne les cantonales à Marseille
Un reportage signé Isabelle Dor
A moins de trois semaines du premier tour des élections cantonales, coup de projecteur sur Marseille et sa région, où les candidats font campagne dans une ambiance empoisonnée par l'affaire Alexandre Guérini.
Le frère de Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches-du-Rhône, est mis en examen, notamment pour abus de biens sociaux, blanchiment et détournement de fonds publics. Il est écroué depuis début décembre. Est-ce que cette affaire, qui touche la gauche, est utilisée par la droite ?
Très peu. Curieusement, la plupart des hommes politiques à Marseille n'exploite pas cette affaire à leur profit. Il y a, bien sûr, des candidats aux cantonales qui font campagne sur le thème de l'honnêteté, comme Claude Filippi, le maire UMP de Ventabren, une commune proche de l'étang de Berre. Claude Filippi en profite pour tacler son adversaire socialiste, mais il reconnaît que toute la classe politique pâtît de ce climat.
Il faut dire, aussi, qu'à droite comme à gauche, les hommes politiques ici répugnent à s'exprimer, non pas sur l'affaire Alexandre Guérini, ce qui se comprend puisqu'une instruction est en cours, mais sur les répercussions possibles de cette affaire. Ecoutez les réticences de Benoît Payan, un jeune candidat socialiste sur le canton de Mazargues.
Interview de Benoît Payan
A l'exception de deux élus marseillais de l'UMP, personne ici ne souhaite faire de vagues. Seule la juge Laurence Vichnievsky, conseillère régionale d'Europe écologie-Les verts, ose mettre les pieds dans le plat.
Interview de Laurence Vichnievsky
- Que les hommes politiques locaux l'admettent ou pas, il y a visiblement un problème dans le climat politique marseillais. Et ce problème, ne serait-ce pas le clientélisme ?
Le sud est une terre de réseau, avec une politique de la clientèle, une politique des avantages, et des poids lourds de la politique en poste depuis des décennies. Mais des affaires, ici, il y en a eu d'autres, rappelle le politologue Daniel Van Euven. Et tant que le réseau fonctionne, les hommes restent en place.
Interview de Daniel Van Euven
Il n'est pas certain que l'affaire Alexandre Guérini profite à la droite aux cantonales. Les sondages qui circulent sous le manteau indiqueraient même le contraire.
Le clientélisme est la relation qui à Rome unissait un patron à son client. Le client ("celui qui obéit"), individu de position sociale modeste, se mettait sous la protection du riche patron, qui lui assurait une aide matérielle régulière en échange de divers services : appui électoral, accompagnement au forum, soutien lors des procès.
Terme péjoratif inspiré de la pratique antique et couvrant les relations intéressées entre politiques et citoyens.
Le clientélisme, s'entend ici, comme une faveur injustifiée accordée à une personne, souvent en échange de son vote.
Les députés français sont parfois accusés de clientélisme en faveur de leurs administrés locaux, en faisant pression sur le gouvernement pour l'obtention de crédits en faveur de leur circonscription.