Chaque année, en moyenne, 8 000 personnes meurent en France d'un accident de la route, soit une toutes les heures. C'est plus du double du bilan britannique. Cette statistique redoutable a longtemps été considérée comme une fatalité. Les Français étaient ainsi insoucieux du risque, crâneurs devant la mort, indifférents aux panneaux de limitation de vitesse. Mais les mentalités sont en train de changer.
Avec des dizaines d'années de retard sur les autres pays européens, la France prend enfin la mesure de la catastrophe. Les peines prononcées par les tribunaux se font plus lourdes, le regard de la société sur les conducteurs imprudents ou éméchés, longtemps teinté de complaisance, se fait plus accusateur.
Le projet de loi contre la violence routière que le ministre de la Justice présentera ce printemps au Parlement portera symboliquement le nom de Marilou, le prénom d'une petite fille de 9 ans qui a péri victime d'un chauffard. Le garde des Sceaux a témoigné des mauvaises habitudes du passé. En effet, leministère a longtemps accordé une oreille bienveillante aux interventions en faveur d'automobilistes coupables d'infraction. L'excès de vitesse d'une personnalité était facilement oublié.
Le ministre de la Justice affirme que ces accommodements ont cessé. Le capitaine Collorig, qui dirige l'escadron de sécurité routière de la gendarmerie de Versailles, témoignait que, récemment encore, un ministre avait tenté de faire pression sur lui dans une affaire de ce genre. L'affaire est sérieuse et la bonne nouvelle est que les Français semblent enfin l'avoir compris.
Le Monde mai 2004
Décembre 2014 ( + de 9 morts par jour)