TRADUCTION-INTERPRÉTARIAT
L'Union européenne ne cesse de s'élargir et l'attrait exercé par le projet communautaire est loin de s'essouffler. Mais ce succès ne va pas sans causer quelques soucis, en raison du nombre croissant des langues officielles reconnues par l'UE. Or, souligne The Wall Street Journal, "pour éviter d'offenser quiconque, l'UE utilise chacune des vingt langues parlées dans les pays membres : cette pratique coûte de plus en plus cher !
Le quotidien financier américain consacre un long article au défi linguistique de la construction européenne. En effet, "l'une des grandes difficultés auxquelles se trouve confrontée l'Union est sans aucun doute la manipulation des différentes langues. Les textes des lois et règlements européens ont été retardés de plusieurs mois depuis le dernier élargissement de mai 2004. L'Union a gagné dix nouveaux pays, mais aussi neuf nouvelles langues. En 2006, 300 000 pages de documents européens sont habituellement en attente d'être traduites, ce chiffre devrait s'élever encore. En réaction, la Commission envisage à l'avenir d'augmenter la productivité de ses traducteurs, mais aussi de réduire la longueur de ses textes."
Le WSJ évoque le cas éloquent de Malte. Cette petite île méditerranéenne de 400 000 habitants pose un problème sensible. "Il n'existe que sept personnes au monde capables de traduire les débats européens en maltais." Pour étoffer le pôle de traduction maltais, "l'université londonienne de Westminster a lancé un programme de cours intensifs qui pourra fournir six nouveaux interprètes maltais à Bruxelles l'an prochain, alors que l'UE estime ses besoins à soixante personnes".
Avec 192 pays, les Nations-Unies forment une enceinte bien plus diverse que celle de l'Europe des Vingt-sept. Mais, si à l'ONU chacun peut s'exprimer dans sa langue, les discours ne sont traduits qu'en six idiomes différents, rappelle le journal américain. L'Union européenne, elle, est bien plus ambitieuse : elle offre "une traduction simultanée des débats dans les deux sens pour chacune des 20 langues officielles de l'Union. En tout, cela fait 380 combinaisons possibles, pour le moment." Le Monde avril 2006